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Littérature

  • Le rêve d'une réalité.

    HEShip_Multishot.jpgLorsque que je touchai la coupe, je me réveillai en sursaut, emplie d'une sensation forte de satisfaction. Celle d'avoir découvert quelque chose, mais quoi ? J'étais sur une couchette d'un hôtel en bord de mer. Sur une chaise, mes vêtements : pantalon de soie, tunique courte, gilet de cuir épais et bottes. Je m'habillai vite, sortis de la chambre et allai sur le port. Un trois mâts y était accosté, des marins chargeaient vivres et équipements, ils avaient le même blason brodé sur leur gilet que moi. J'en conclus que je devais les aider. Je montais sur le navire, la tête haute et la poitrine bombée : j'étais fière de faire partie de l'équipage du Smollett.

                Lorsque nous larguâmes les amarres, je ne pus m'empêcher d'éprouver la crainte de ne jamais revenir, dépassée par l'excitation de découvrir de nouveaux horizons ! Les deux Soleils étaient au Zénith, j’avais la main en visière pour garder mes yeux ouverts tandis que les faubourgs disparaissaient. Je me tournai vers l'avenir, le regard plein d'espoir, ma soif de découverte insatiable.

    Je m'avançai sur la proue du navire. Proue, poupe, bâbord, tribord, je ne sais d'où me venaient tous ces mots marins, mais je les connaissais. Ils venaient de mon cœur. Je montai sur l'enfléchure du mât avant. Le vent faisait danser ma chevelure rousse et je savourais chaque bouffée de cet air halin. J'aperçus, appuyée au bastingage, une grande femme à la cape verte qui regardait l'horizon, aussi. J'allai à sa rencontre. Elle portait sa capuche pour protéger sa peau sensible des Soleils, m'a-t-elle dit, elle était ici avec ses compagnons pour découvrir une Cité perdue. Ils auraient passé plus d'une vie à chercher tous les indices, cartes et parchemins qui pouvaient les mener jusqu'ici.

    Le jour commençait à tomber lorsque je reçus de l'eau en pleine figure. Surprise, je faillis tomber à la renverse. J'allai voir ce qui m'avait arrosée. Je me penchais, regardais, mais rien. C'est alors qu'une ombre se rapprocha de la surface. Une sirène, un triton, une divinité des océans ? La masse, de la taille d'un homme, était presque en surface.. Le parapet était sous mon ventre, seule la pointe d'un pied me tenait en contact avec le pont. C'est alors que je reçus à nouveau de l'eau avec un bruit d'expiration. Un dauphin ! C'était la première fois que j'en voyais un ! J'entendis une deuxième expiration. Je tournai la tête en suivant le son et vis un second dauphin, non trois, cinq, une dizaine ! Ils venaient jouer sous l'étrave du navire. Je restai à les regarder jusqu'à ce qu'ils s'en aillent. Lorsqu'ils partirent, je me redressai en me tenant le ventre. J'avais une grosse marque rouge, douloureuse au toucher. C'était un moindre mal pour pouvoir s'émerveiller, même rien qu'un peu.

    Je rentrai dans l'aile des cabines, courbée. Je croisai la femme à la cape, qui m'indiqua que l'on était dans la même cabine. J'entrai et effectivement mes affaires étaient sur un lit, à côté de celui de l'aventurière. Elle revint avec deux assiettes : nous étions les deux seules femmes du navire et elle avait remarqué que j'avais mal, s'était dit que ce serait mieux de dîner ensemble. Après notre repas, elle appliqua sur mon ventre une pommade contre la douleur, qui fit effet presque immédiatement. Quand je lui demandai quelle était sa préparation, elle me répondit que c'était un secret ancestral de son peuple et retira sa capuche. Elle avait la peau très pâle, de sa chevelure dépassaient deux oreilles pointues. Elle était une Elfe, ses compagnons en étaient aussi. La Cité qu'ils cherchaient était leur foyer ancestral où plusieurs générations avaient vu le jour. J'étais abasourdie. Je me pinçais pour savoir si c'était un rêve, mais la douleur me signifiait que non. Une seule question me vint : était-elle vraiment réelle ? Après un petit rire, l'Elfe me dit « À toi de décider ».

                A ces mots, elle alla se coucher. Je fis de même, mais ne trouvais pas le sommeil tout de suite. « À toi de décider », cette phrase tournait en rond dans ma tête. Puis-je vraiment décider de ce qu'il va arriver ? me demandais-je. J’espérais que l'on trouve cette Cité. Je m'endormis peu de temps plus tard.

                Le lendemain matin, je me réveillai et m'aperçus que le baume elfique était très efficace. Je mis mes bottes et montai sur le pont. Tout le monde s'agitait, comme dans une fourmilière. Je compris la source de l'agitation lorsque je vis une île au loin. Leur Île. Avec une satisfaction sans nom, je me mis au travail de concert avec tout l'équipage. Nous accostâmes sur la berge deux heures plus tard. Les Elfes descendirent en premier sur le sable fin. Lorsque toutes les voiles furent rentrées et l'équipement rangé, nous descendîmes aussi. Je m'avançai près de l'Elfe en vert. Qui s'approcha de mon oreille et me dit « Bienvenue à Cibola. C'est toi qui l'as voulu ». Nous avançâmes dans la forêt dense pendant une heure environ, tombâmes devant un grand édifice. Quand les Soleils furent au Zénith, le temple se mit à briller de mille feux, ses deux grandes portes sculptées d’or. Les aventuriers les ouvrirent pour y découvrir un endroit fabuleux.

                En touchant la porte, je me réveillai en sursaut. Je n'étais pas couverte de sueur, je ressentais une puissante sensation de satisfaction. Celle d'avoir découvert quelque chose, mais quoi ? TF

    Illustration: Chase Dimick - Tous droits déposés

  • Larguez les amarres !

    L'occasion s'est présentée pour les étudiants de première année du BTSM de participer au concours de nouvelles des Automn'Halles, le festival du livre de Sète. Le thème de cette 3e édition était « Larguons les amarres » : au sens propre, comme au figuré, entre les liens qu'on défait et l'évasion, l'audace, le lâcher-prise.... Les douze nouvelles seront publiées sur le blog, dans la rubrique littérature, à raison d'une par semaine.

    Un écho particulier pour les étudiants du monde maritime, obligés d'imaginer, ces derniers mois, le voyage depuis leur salle de classe.

     

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  • DEVENIR MARIN.

    IMG_2054.jpgOn ne naît pas marin on le devient. Ce n’est pas juste une personne travaillant sur un bateau mais surtout  une philosophie de vie. Un goût pour l’aventure, les grands espaces, la découverte et l’élément naturel. La mer est remplie de mystères - on connaît plus la surface de la lune que les abysses – et de légendes qu’ont nourris nos représentations d’enfance (Moby Dick, le Kraken, l’Atlantide ) et nos clichés d’adulte ( alcoolique, chiqueur, bagarreur, misogyne). En plus d’alimenter notre imaginaire, la mer est nourricière de par ses ressources et son exploitation : le transport est la première marque d’anthropisation du milieu, suivie de l’exploitation –pas toujours raisonnée- des ressources naturelles. 

    Il y a un paradoxe à être marin, c’est faire partie d’un équipage  isolé du reste du monde et ressentir en soi une liberté absolue, la mer n’appartenant à personne. Il y a une transmission de la connaissance et du savoir-faire nécessaire afin d’aspirer à être en  autonomie face à la mer. La liberté des marins s’acquiert avec l’expérience mais reste encadrée par le code marin. Ce dernier exclut toute ségrégation et impose  le secours de toute  personne en péril. Cette solitude partagée  implique  une solidarité maritime connue de tous les marins mais incompréhensible pour les Terriens.

    Le milieu maritime est en évolution constante, il s’adapte aux changements moraux et environnementaux tels que la féminisation du métier (personne n’a oublié  Florence Arthaud !) et l’essor d’un mode de transport archaïque qu’est le retour à la voile dans la marine marchande.

    Finalement devenir marin est un choix et un apprentissage permanent, on devient marin par déterminisme social et familial mais surtout par amour inconditionnel pour la mer. Une passion qui est et restera sous le joug  de Poséîdon. Depuis la Grèce antique, n’y a-t-il pas « 3 types d’Hommes, les vivants, les morts et ceux qui prennent la mer » ?